Ulrike Weiss exploite les usages de la céramique
Ulrike avec son charmant accent venu d’Allemagne sa patrie, vous parle de son métier de céramiste avec réalisme et enthousiasme. Elle a choisi ce métier dans les années 80 à un moment où l’artisanat avait un peu moins le vent en poupe. Cela lui donne une belle crédibilité dans un monde où la céramique attire de plus en plus de personnes en quête de sens à donner à leur travail.
Quelle a été ta formation ?
J’ai été formée à l’ESAAD (Ecole Supérieure des Arts Appliqués Duperré) à Paris entre 1984 et 1988. J’avais choisi de suivre la formation à mi-temps pendant 4 ans. J’ai appris mon métier de céramiste grâce aux heures d’ateliers qui avaient une large place dans les formations et dont j’usais à tel point qu’un élève m’avait prise pour un professeur ! Je pense que ce sont les heures de pratique qui permettent de devenir un artisan expérimenté ! Celles-ci continuent tout au long de la vie d’un artisan et ne s’arrêtent pas à l’école.
Le contenu de cette formation était surtout axé sur le tournage mais c’est la découverte des moules en plâtre qui m’a fascinée et qui a orienté le métier de mouleuse que je pratique aujourd’hui.
Comment as-tu dépassé tes peurs quand tu t’es lancée ?
J’avais très envie de faire ce métier malgré le manque de considération pour les métiers manuels à cette époque. Cette envie, l’insouciance et le soutien familial m’ont donné confiance !
As-tu une spécialité ?
J’ai deux spécialités. L’une est la création et la fabrication de pièces utilitaires créées à partir de modèles, puis de moules en plâtre. Les pièces sont ensuite coulées en porcelaine, puis émaillées en couleur.
Je travaille également la lave que j’émaille pour en faire des projets d’agencement pour le sol et les murs. La lave émaillée est une roche volcanique. Les plaques que je travaille proviennent des volcans d’Auvergne. Ce matériau étant très résistant, il se prête bien à des projets d’agencement, même à l'extérieur.
Qui sont tes clients ?
Mes deux spécialités me permettent de toucher plusieurs catégories de clients. Mes pièces utilitaires sont achetées par des clients que je rencontre sur les salons. Ce sont des habitués, j’ai beaucoup de clients fidèles que je connais depuis des années. Ma réputation s’est construite au fil du temps et les salons comme le Festival de la Céramique ou les Journées de la Céramique place Saint Sulpice y ont contribué. Et comme j’ai un petit espace d’exposition dans mon atelier, j’organise des expositions-vente soit seule, soit en invitant d’autres artisan.e.s. Mes projets de lave émaillée me permettent de toucher une clientèle professionnelle comme des architectes. C’est important d’avoir plusieurs cordes à son arc. Je donne également des cours.
Combien de pièces peux-tu couler par semaine avec un seul moule ?
Un moule résiste à environ 60 tirages. Pour faire une production, il est important d'avoir plusieurs moules par modèle. Pour mes pièces les plus courantes, je travaille avec 6 à 8 moules. Je te donne un exemple récent : pour l’exposition du Festival de la Céramique, j’ai coulé 250 pièces en 3 semaines. Comme mon temps n’était pas seulement dédié à cette production, j’étais contente de ce résultat ! J’aurais difficilement pu aller au-delà car j’étais limitée par la place de stockage.
As-tu un conseil à donner pour les personnes qui veulent se diriger vers la céramique ?
Je leur conseille de prendre le temps qu’il faut pour apprendre. Il faut aussi être solide physiquement et psychologiquement ! C’est important de le mesurer avant de se lancer.
Pour en savoir plus :
Site web : ulrike-weiss.com
vous envisagez les metiers d’art comme voie professionnelle ?
Répondez à ce questionnaire pour nous aider à mieux vous accompagner !